Les émotions sont longtemps restées à l’écart de l’entreprise. Irrationnelles, non productives… dérangeantes, pour tout dire ! Managers comme collaborateurs étaient priés de les laisser de côté en franchissant la porte du bureau. Les affects ont pourtant toute leur importance au travail. Refuser leur existence présente même un risque : «Le tabou qui pèse sur les émotions en entreprise conduit les collaborateurs et les managers à rester dans une attitude d’évitement du sentiment, souligne Emma Vilarem, docteur en neurosciences cognitives et cofondatrice de l’agence de conseil Cog’X. Or, l’émotion est une réalité biologique. Nier cette réalité provoque des surcharges émotionnelles. Certaines personnes se retrouvent dépassées par les événements.»

Dans l’ouvrage collectif Traité de psychologie des émotions dirigé par David Sander (Dunod, 2014), Véronique Tran, enseignante à l’ESCP Europe, cite une étude réalisée en 1932, montrant déjà les liens entre affects et performance, ainsi que l’influence des émotions ressenties à la maison sur le comportement au travail. Il a néanmoins fallu attendre les années 1980 pour que les chercheurs en management se penchent à nouveau sur le sujet. »…