«  La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles mais d’échapper aux idées anciennes », introduit Louis de Courtivron, chef de la cellule innovation participative au sein de l’Agence de l’innovation de Défense. Comme pour beaucoup de secteurs, les évolutions de la Défense doivent être au fait des évolutions technologiques et l’Agence a pour mission d’accélérer le développement de l’innovation, notamment en essayant de libérer l’audace à travers l’intrapreneuriat. Il faut pour cela un réel soutien de la hiérarchie de proximité, des états-majors. « Il est urgent de travailler sur le collectif des intelligences », appuie-t-il. Sous le thème « Intelligence humaine ou intelligence artificielle », la journée a mis en avant l’importance du développement des personnes pour un développement durable.

Pour Muriel Garcia, présidente d’Innov’Acteurs et responsable de l’innovation à la direction de l’engagement sociétal du groupe La Poste, « et si la réponse était celle de l’innovation participative augmentée : profiter du potentiel de la « machine » et préserver l’humain maître du jeu de la créativité, de l’inventivité et de l’innovation ? ».

De l’entreprise en silos à l’entreprise responsabilisée

Pour cela il faut veiller à ce que les collaborateurs se sentent libres de créer et reconnus. Jean-Michel Guillon, directeur du personnel du groupe Michelin, élu meilleur DRH de l’année 2018, est venu témoigner et a insisté sur l’importance du binôme DRH et Directeur général pour améliorer la performance de l’entreprise dans un contexte de mutation. Il parle d’entreprise « responsabilisée » qui permet grâce à des correspondants d’innovation participative d’impliquer l’ensemble des collaborateurs et qui repose sur la notion d’équipe.

L’IA et la robotique au service de l’amélioration des conditions de travail

Les managers doivent dorénavant aider les équipes à se développer et il leur revient de donner un cap et du sens à l’action. Pour le DRH, « l’IA participe plus à l’Homme augmenté qu’à l’Homme esclave des machines ». Dans les usines, les salariés travaillent déjà à l’aide de montres connectées ou de lunettes à réalité augmentée. Jean-Michel Guillon témoigne : « La robotique permet de diminuer le stress et d’augmenter la capacité de résolution des problèmes (…) Nos usines vont devenir complètement digitalisées et le partage de l’information va être déterminant pour prendre les bonnes décisions. »

Une réflexion éthique s’impose

« La singularité interroge, explique Arnaud Le Roux, spécialiste en intelligence artificielle et membre de la brigade du Web, Or, à l’heure actuelle, aucune IA n’est capable de prendre le pouvoir sur l’être humain. Les gens n’ont pas conscience des limites de l’IA et la plupart des articles sont alarmistes. Je vous invite à lire l’ouvrage de Laurence Devilliers « Des robots et des hommes » pour nous inciter à avoir une réflexion éthique sur ces sujets. Dans quelles limites j’utilise l’IA pour exercer mon métier. Est-il éthique par exemple d’utiliser le neuromarketing qui s’appuie sur les biais cognitifs des humains pour réaliser plus de ventes en ligne ? La direction doit incarner des valeurs éthiques et poser les limites de l’utilisation de l’IA. » D’ailleurs, on voit aujourd’hui apparaître des Chief Ethics Officer.Arnaud Le Roux poursuit : « L’IA ce n’est qu’un robot avec un réceptacle. Si on traite humainement ces sujets, les collaborateurs n’en auront plus peur. »

Réengager par l’action et la reconnaissance

Marie-Noéline Viguié, co-auteure de « Makestorming, guide du Corporate hacking » parle de « hacking bienveillant » pour améliorer les systèmes ou désobéir à des règles qui n’ont plus lieu d’être. C’est par l’action, l’expérimentation, voire la désobéissance, que l’on fait avancer les réflexions. Elle cite en exemple la logique des « makers » qui créent des prototypes et réengagent par l’exécution.

Il est important de privilégier le sens, l’autonomie, la confiance, la reconnaissance et la fierté d’appartenance. Engagée en matière d’innovation managériale, la CPMA des Yvelines s’appuie sur une plateforme pour renforcer l’innovation participative : les collaborateurs y déposent leurs idées (1300 en 3 ans) et ont un retour de leur supérieur hiérarchique. Leur Baromètre de satisfaction au travail a gagné 10 points.

Pour Philippe Gabilliet, professeur de psychologie sociale à l’ESCP Europe, il est bon de rester optimiste dans un contexte d’incertitude. L’optimiste est celui qui fera le pari du meilleur mais il faut être confiant et actif en s’appuyant en priorité sur ses points forts,  en pariant sur les solutions et en croyant au pouvoir de l’action.

 

Alice Picard

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